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Le pays sans nom

Anna Moï

Dans le même esprit que ses premières chroniques en 2001 (L’Écho des rizières), Anna Moï livre à son premier éditeur un court recueil de 138 pages réunissant une série de courts textes d’où émerge peu à peu une histoire personnelle et familiale, une histoire d’amour discrète sur ce qui se noue et se défait (entre le mystérieux « tu » et « l’Architecte » à la fin). Le fil rouge de cette                  « déambulation » littéraire est un dialogue outre-tombe avec Marguerite Duras et un parallèle entre le parcours de ces deux écrivaines qui flottent entre deux eaux, élément poétique si important dans leur imaginaire, entre le Vietnam et la France. Le pays sans nom, titre donné à ce qui est présenté comme « un récit », correspond à cette géographie fantasmatique, à un vide hanté par l’histoire et des fantômes que l’auteur fait revivre autour de la légende de Duras. Elle revisite des lieux (l’Éden cinéma, Sadec) et superpose passé du Vietnam d’hier et présent de sa propre vie, souvent sur le ton de la confidence parfois teintée d’humour et de poésie.

Les dix-sept chapitres correspondent moins à des chapitres de romans qu’à des entrées dans un dictionnaire amoureux de Duras réactivant des mythes littéraires, autour des personnages de l’amant, d’Anne-Marie Stretter, de la mendiante. La déambulation sur laquelle s’ouvre le récit entre le Vietnam et la France (qui aboutit de manière inattendue en Corrèze) fait revivre des êtres de papier en les confondant avec des êtres réels, croisés par l’auteur et nommés dans une pratique consciente, volontaire et lucide d’un bovarysme appliqué au Vietnam de Duras comme il aurait pu l’être à la Normandie de Flaubert. Par-delà ce jeu de cache-cache avec la vie réelle et la fiction, l’histoire personnelle et l’Histoire, Anna Moï nous fait découvrir les realia du Vietnam contemporain et éternel : sensations (chaleur, humidité), nourriture (pain), moyens de locomotion (chevaux, jonques, automobiles), maisons habitées ou hantées par le passé sentimental et littéraire et atmosphère de la campagne et de la ville. Le pays sans nom : ce qui n’a pas de nom n’est pas seulement indicible mais atteint l’ineffable.                  

Thanh  Tôn Thât Thanh Vân

 

 

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